- EAN13
- 9782754109536
- ISBN
- 978-2-7541-0953-6
- Éditeur
- Hazan
- Date de publication
- 05/10/2016
- Collection
- Beaux-Arts
- Nombre de pages
- 200
- Dimensions
- 23,8 x 18,4 x 3,7 cm
- Poids
- 1045 g
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
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Durant l’été 1944, Matisse se décida à illustrer Les Fleurs du mal de Baudelaire, comme il en fit de même pour Mallarmé, Ronsard, Charles d’Orléans et bien d’autres. Il dessina 34 visages au crayon gras, compositions qui viendront orner l’édition de 1947, publiée par La Bibliothèque française.
Les cent cinquante ans qui nous séparent de la première édition des Fleurs du mal n’ont fait qu’en confirmer la valeur inaugurale et l’impact sur les artistes. En 1857, il s’agissait pour le poète de se délester du vieux romantisme, trop idéaliste, de traduire l’esprit du temps, ce qu’il appelle « la modernité », et d’explorer la face sombre de sa propre conscience, condamnée aux limites et aux plaisirs d’une époque désenchantée.
Personne n’osa se lancer dans l’illustration d’un tel livre, au sortir du procès qui le frappa à sa sortie. Mais la vraie raison du silence des artistes tient à la difficulté même de doubler une telle poésie, peu descriptive et impropre au pittoresque, par l’image. Il fallait des tempéraments tels que Rodin ou Rouault pour s’y atteler. Matisse avait connu le second alors qu’ils fréquentaient tous deux l’atelier de Gustave Moreau, à la fin des années 1890. Sans doute le désir d’associer son nom et son trait à l’univers de Baudelaire remonte-t-il assez haut. Il se réveille dans l’entre-deux-guerres et commence à se concrétiser sous l’Occupation, moment où Matisse se retourne sur sa vie, qui a failli lui échapper. D’où la coloration sensuelle et nostalgique de ces visages de femmes, alternativement graves, rieurs ou félins, selon la teneur des textes qu’ils accompagnent plus qu’ils ne les illustrent. Un rapport d’harmonie, et non de plate adéquation, règle dessins et purs effets graphiques. Le choix des poèmes qu’il retient, moins d’un tiers de l’édition de 1868, procède de l’érotisme et de la créolité que Matisse et Baudelaire partagent. Ils avaient en commun l’expérience du voyage exotique, l’île Bourbon pour le poète, Tahiti pour le peintre, et furent tous deux sensibles à la beauté noire. Ce livre, longtemps caressé, ouvre une fenêtre très féminine sur l’esthétique et la psyché de l’artiste lettré, parvenu au seuil des papiers découpés et de son ultime explosion orientaliste.Cette version luxueuse à petit prix du fac-similé de l’édition de 1947 est accompagnée d’un essai introductif rédigé par Stéphane Guégan éclairant les choix de Matisse et les liens qui unissent le poète et le peintre.
Les cent cinquante ans qui nous séparent de la première édition des Fleurs du mal n’ont fait qu’en confirmer la valeur inaugurale et l’impact sur les artistes. En 1857, il s’agissait pour le poète de se délester du vieux romantisme, trop idéaliste, de traduire l’esprit du temps, ce qu’il appelle « la modernité », et d’explorer la face sombre de sa propre conscience, condamnée aux limites et aux plaisirs d’une époque désenchantée.
Personne n’osa se lancer dans l’illustration d’un tel livre, au sortir du procès qui le frappa à sa sortie. Mais la vraie raison du silence des artistes tient à la difficulté même de doubler une telle poésie, peu descriptive et impropre au pittoresque, par l’image. Il fallait des tempéraments tels que Rodin ou Rouault pour s’y atteler. Matisse avait connu le second alors qu’ils fréquentaient tous deux l’atelier de Gustave Moreau, à la fin des années 1890. Sans doute le désir d’associer son nom et son trait à l’univers de Baudelaire remonte-t-il assez haut. Il se réveille dans l’entre-deux-guerres et commence à se concrétiser sous l’Occupation, moment où Matisse se retourne sur sa vie, qui a failli lui échapper. D’où la coloration sensuelle et nostalgique de ces visages de femmes, alternativement graves, rieurs ou félins, selon la teneur des textes qu’ils accompagnent plus qu’ils ne les illustrent. Un rapport d’harmonie, et non de plate adéquation, règle dessins et purs effets graphiques. Le choix des poèmes qu’il retient, moins d’un tiers de l’édition de 1868, procède de l’érotisme et de la créolité que Matisse et Baudelaire partagent. Ils avaient en commun l’expérience du voyage exotique, l’île Bourbon pour le poète, Tahiti pour le peintre, et furent tous deux sensibles à la beauté noire. Ce livre, longtemps caressé, ouvre une fenêtre très féminine sur l’esthétique et la psyché de l’artiste lettré, parvenu au seuil des papiers découpés et de son ultime explosion orientaliste.Cette version luxueuse à petit prix du fac-similé de l’édition de 1947 est accompagnée d’un essai introductif rédigé par Stéphane Guégan éclairant les choix de Matisse et les liens qui unissent le poète et le peintre.
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